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Dharma

  • Photo du rédacteur: Shanti Yoga
    Shanti Yoga
  • 13 déc. 2016
  • 13 min de lecture

1. L’émotion parfaite :

La voie du Bouddha pose les questions les plus importantes de toute la vie spirituelle. Ce sont les questions de la raison et de l’émotion. Nous savons tous, par notre propre expérience, qu’il est relativement facile de comprendre intellectuellement ou théoriquement un enseignement religieux ou philosophique. Aussi abstrus, complexe, voire intrinsèquement difficile soit-il, avec un peu d’effort mental et d’étude systématique nous pouvons généralement réussir à le comprendre sans trop de difficultés. Mais lorsqu’il s’agit de mettre cet enseignement en pratique, nous trouvons que cela est beaucoup plus difficile.

Il y a une anecdote de l’histoire bouddhique, souvent racontée, qui illustre bien ce point. Il semble que dans les temps anciens les moines indiens étaient nombreux à aller d’Inde en Chine pour prêcher la Doctrine, et à une certaine époque de l’histoire de la Chine il y eut un empereur chinois très pieux qui était toujours avide d’accueillir les grands sages et maîtres indiens. Un jour, un des plus grands des maîtres indiens arriva à la capitale chinoise, et l’empereur, lorsqu’il eut vent de cette nouvelle, fut très heureux. Il pensa qu’il pourrait avoir une merveilleuse discussion philosophique avec ce maître tout juste arrivé. Le maître fut donc invité au palais où il fut reçu avec toutes les cérémonies d’usage. Quand toutes les formalités furent terminées et que le maître et l’empereur eurent pris leur siège, l’empereur posa sa première question. « Dites-moi, quel est le principe fondamental du bouddhisme ? » et il s’installa, prêt à entendre la réponse de source sûre. Le maître répondit : « Cesser de faire le mal, apprendre à être bon, purifier le cœur, voici le principe fondamental du bouddhisme. » L’empereur fut tout déconcerté. Il avait déjà entendu cela -nous avons généralement tous déjà entendu cela !- Il répondit alors : « Est-ce tout ? Est-ce cela, le principe fondamental du bouddhisme ? » « Oui c’est tout. Cesse de faire le mal, apprends à être bon, purifie le cœur. Ceci est véritablement le principe fondamental du bouddhisme. » « Mais c’est si simple que même un enfant de trois ans peut le comprendre » protesta l’empereur. « Oui, votre majesté, répondit le maître, c’est très vrai. C’est si simple que même un enfant de trois ans peut le comprendre, mais c’est si difficile que même un vieil homme de quatre-vingts ans ne peut le mettre en pratique. »

Cette histoire illustre la grande différence qui existe entre compréhension et pratique, raison et émotion. Il nous est facile de simplement comprendre. Nous pouvons comprendre l’Abhidharma, nous pouvons comprendre Platon, nous pouvons comprendre Aristote, nous pouvons comprendre les quatre Évangiles, nous pouvons tout comprendre. Mais mettre en pratique ne serait-ce qu’une petite partie de cette connaissance et l’appliquer dans notre vie, nous trouvons cela extrêmement difficile. Selon les célèbres paroles de Saint Paul, « Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. »[1] Il sait ce qu’il devrait faire mais il est incapable de le faire, et il ne peut s’empêcher de faire ce qu’il sait qu’il ne devrait pas faire. Ici aussi nous voyons cet énorme écart entre compréhension et pratique.

Cet état de choses n’est pas exceptionnel et cela n’arrive pas qu’à l’empereur chinois ou à Saint Paul. Tout individu se trouve à un moment ou à un autre, parfois des années durant, dans cette situation difficile qui nous berce entre ce que nous dicte d’un côté notre raison et de l’autre nos émotions. D’un point de vue rationnel, nous connaissons la vérité, ce qu’il est bon de faire ou de na pas faire. Nous pouvons en parler, écrire ou donner des conférences à ce sujet. Mais il nous est difficile de le mettre en pratique. Pour ceux qui sont sincères ce peut être source d’une grande souffrance. Nous pouvons ressentir : « je sais cela très bien, je le vois avec une telle clarté ; mais je suis incapable de le mettre en pratique, incapable de l’exécuter. » C’est comme s’il y avait en nous une espèce de point aveugle, un facteur « x », entravant sans cesse nos efforts. A peine nous sommes-nous élevés de quelques centimètres que nous retombons de ce qui nous semble être un kilomètre.

Pourquoi ceci arrive-t-il ? Pourquoi y a-t-il ce gouffre entre notre théorie et notre pratique, entre notre compréhension et nos actions ? Pourquoi dans notre grande majorité sommes-nous incapables, la plupart du temps, d’agir en accord avec ce que nous savons être vrai, avec ce que nous savons être juste ?

Il me semble que la réponse à cette question doit être cherchée dans les profondeurs mêmes de la nature humaine. Nous pouvons dire que nous savons quelque chose, mais nous ne le savons qu’avec notre esprit conscient, qu’avec la partie rationnelle de nous-même. Nous le savons d’une façon théorique, intellectuelle, abstraite. Mais nous devons nous souvenir que l’homme n’est pas que son esprit conscient. Il n’est pas fait que de raison, même s’il aime à le penser. Il y a une autre partie de nous, une partie bien plus grande que nous voulons l’admettre, qui n’est pas moins importante que notre raison. Cette partie est faite d’instinct, d’émotion, de volition, et est plus inconsciente que consciente. Et cette partie plus large, plus profonde mais non moins importante de nous-même n’est pas du tout touchée par notre savoir rationnel ou intellectuel, elle suit son propre chemin.

Nous voyons donc que nous ne pouvons aller à l’encontre de nos émotions. Les émotions sont plus fortes que la raison. Si nous voulons mettre en pratique ce que nous savons être juste, ce que nous savons être vrai, nous devons, d’une façon ou d’une autre, nous assurer du concours de nos émotions. Nous devons arriver à capter en nous ces sources profondes et à les diriger vers notre vie spirituelle, pour que nous puissions appliquer ce que nous savons être juste et vrai. Pour la plupart d’entre-nous, le problème central de la vie spirituelle est de trouver des équivalents émotionnels à notre compréhension intellectuelle. Tant que nous n’avons pas fait cela nous ne pouvons pas progresser spirituellement. Dans le Dharma, c’est l’étape de l’émotion parfaite ou Samyak samkalpa en sanskrit.

Samyak-samkalpa pourrait au premier abord être traduit par « résolution juste », mais ceci est loin d’être adéquat. Samkalpa signifie « volonté ». Samyak-samkalpa n’est pas seulement résolution juste. C’est plus proche de « volonté parfaite » ou « d’émotion intégrale », et cela représente la mise en harmonie de tout le côté émotionnel de notre être avec la vision parfaite, claire, notre vision de la véritable nature de l’existence.

C’est un chemin de transformation. L’émotion parfaite est la première étape du chemin de transformation, et représente la conversion de notre nature émotionnelle. On peut dire que l’émotion parfaite sert d’intermédiaire à l’Eveil, parce que nous ne pouvons pas suivre le chemin, nous ne pouvons pas vraiment pratiquer la parole juste, l’action juste… tant que nous n’avons pas transformé toute notre nature émotionnelle et de cette façon trouvé l’énergie pour cheminer vers l’Eveil. Voilà pourquoi le problème de la raison et de l’émotion est central dans la vie spirituelle. Il n’y a pas vraiment de vie spirituelle tant que le cœur n’est pas lui aussi impliqué. Peu importe combien le mental a été actif, ou combien nous avons compris d’une façon intellectuelle, tant que le cœur n’est pas impliqué et que nous n’avons pas commencé à ressentir ce que nous avons compris, tant que nos émotions ne sont pas engagées, il n’y a pas de vie spirituelle à proprement parler.

Qu’est-ce donc que l’émotion parfaite ? L’émotion parfaite représente l’ouverture du cœur à la vision claire de la réalité, d’une façon qui transforme complètement l’être. Son aspect positif se caractérise par la notion d’amour universel qui se décline en différents sentiments.

2. L’émotion parfaite, source de l’amour universel :

Le côté positif de l’émotion parfaite consiste en un certain nombre d’émotions saines, toutes liées les unes aux autres et dérivées de ce qu’on peut appeler l’amour universel. En font partie les équivalents positifs de renoncement, de non-haine et de non-cruauté, connus en sanskrit sous les noms de dana, maitri et karuna, c’est-à-dire respectivement don, amour et compassion. Sont aussi inclus la mudita qui est la joie sympathique, l’upeksa qui représente la tranquillité, et la sraddha, la foi et la dévotion. Maitri, karuna, mudita et upeksa forment ensemble les « quatre états sublimes ».

Le dana, le don, est la vertu bouddhique de base, sans laquelle on peut à peine se dire bouddhiste. Le dana n’est pas tant l’action de donner que la sensation, le désir de vouloir donner, de vouloir partager ce que l’on a avec d’autres personnes. Ce désir de vouloir donner ou de partager est souvent la première manifestation de la vie spirituelle, un premier signe que désir et attachement ont commencé à diminuer. Il y a de nombreuses formes de dana.

Tout d’abord, il y a le don de choses matérielles, le partage de ce que l’on possède comme bonnes choses de la vie : nourriture, vêtements... En Orient, certaines personnes ont à cœur d’essayer de donner chaque jour une chose de nature matérielle, que ce soit de la nourriture à un mendiant, une petite somme d’argent, ou simplement une tasse de thé, afin que chaque jour quelque chose soit donné, ou partagé. Ensuite il y a le don de temps, d’énergie, et de pensée. Le temps est une chose très précieuse et en donner un peu pour aider d’autres personnes est aussi une forme de dana, de générosité. Il y a aussi le don de connaissance, dans le sens du don de culture et d’éducation. Ceci a toujours été hautement apprécié dans les pays bouddhistes. Les acquisitions intellectuelles ne devraient pas être gardées pour soi, mais partagées avec tout le monde. Tout le monde devrait pouvoir en bénéficier. Ceci était particulièrement important dans l’Inde bouddhiste, car la caste des brahmanes, la caste des prêtres de l’hindouisme, cherchait invariablement à monopoliser la connaissance et à laisser les autres castes dans un état d’ignorance et d’asservissement. Le bouddhisme a toujours insisté sur le fait que la connaissance, y compris la connaissance et la culture séculières, ne devrait pas être le monopole d’une classe ou d’une caste particulière, mais devrait être disséminée dans toute la communauté. Une autre forme importante de don est le don d’intrépidité. Ceci peut sembler étrange parce qu’il n’est pas possible d’apporter à quelqu’un de l’intrépidité sur un plateau ou dans un petit paquet entouré d’un ruban. Mais on peut partager sa propre confiance avec d’autres. En présence d’autres personnes, il est possible par notre propre présence et par notre attitude de créer un sentiment d’intrépidité, de sécurité. Le dharma attache une grande importance à cette capacité à rassurer les gens par la seule présence. Cette forme de dana est une contribution importante à la vie de la communauté. Une autre forme de dana est le don de ses membres et de sa vie. Pour le bien d’autres personnes ou pour celui du Dharma, chacun devrait être prêt à sacrifier ses propres membres, voire sa propre vie. C’est une notion qui va aussi loin que cela. Enfin, surpassant même le don de sa propre vie, il y a ce qui est appelé le don du Dharma. C’est le don de la vérité elle-même, le don de la connaissance et de la compréhension du chemin vers l’Éveil, l’émancipation, la nature de Bouddha, le nirvana.

Ce ne sont que quelques-unes des choses que l’on peut donner et en les examinant on commence à voir combien la pratique du don peut être vaste et complète. D’après les enseignements bouddhiques nous devrions sans cesse donner d’une façon ou d’une autre. Dans l’Orient bouddhiste, le dana pénètre et se répand dans tous les aspects de la vie religieuse et sociale. Aller au temple, par exemple, ne se fait pas les mains vides : on apporte des fleurs, des bougies, de l’encens, et on les y offre. De la même façon lorsqu’on va voir un ami, on emporte toujours un cadeau. De cette façon l’esprit du don se répand dans tous les aspects de la vie. Le don devient une habitude et quand on donne, d’une façon ou d’une autre, cela a une influence sur l’esprit. On prend l’habitude de donner et de partager, de penser un petit peu aux autres au lieu de penser sans cesse à soi. Et quand on donne, on apprend à aimer au-delà de toute condition.

Le mot sanskrit maitri est dérivé de mitra, qui signifie ami. D’après les textes, la maitri est cet amour que l’on ressent pour un ami très cher, très proche et très intime, mais étendu pour inclure l’ensemble des êtres. En Orient, la maitri est regardée comme un sentiment très puissant et très positif, généralement défini comme un désir irrésistible de bonheur et de bien-être pour l’autre personne, non seulement dans un sens matériel mais aussi dans un sens spirituel. La littérature et l’enseignement bouddhiques exhortent à développer envers tous les êtres vivants le même sentiment que nous avons pour nos amis les plus proches. Cette attitude est résumée par cette phrase sanskrite : « Sabbe satta sukhi hontu » qui signifie « Que tous les êtres soient heureux », qui représente le souhait sincère de tous les bouddhistes. Si nous avons ce sentiment sincère, et non pas l’idée du sentiment, alors nous avons de la maitri.

Dans le dharma, le développement de la maitri n’est pas laissé au seul hasard. Certaines personnes pensent que l’on a de l’amour pour les autres ou que l’on n’en a pas, et que si l’on n’en a pas tant pis, car on n’y peut rien. Mais le dharma ne voit pas les choses ainsi. Il existe des exercices, des pratiques bien définis pour son développement, c’est ce que l’on appelle le maitri-bhavana. Il n’est pas facile de développer l’amour, mais si nous persistons et réussissons l’expérience sera très satisfaisante.

De façon évidente, la compassion –karuna- est liée de près à l’amour. L’amour se change en compassion quand il est confronté à la souffrance d’une personne aimée. Si vous aimez une personne et si vous la voyez souffrir, votre amour se transforme immédiatement en un irrésistible sentiment de compassion. Selon le dharma, la karuna est la plus spirituelle de toutes les émotions. C’est l’émotion qui caractérise en particulier tous les Bouddhas et bodhisattvas. Certains bodhisattvas, cependant, incarnent tout particulièrement la compassion. C’est le cas d’Avalokitesvara, « le Seigneur Qui Regarde d’En Haut (avec compassion) », qui parmi les bodhisattvas, est la représentation principale ou l’archétype de la compassion. Il y a de nombreuses formes différentes d’Avalokitesvara. Une des plus intéressantes est la forme à onze têtes et mille bras qui, quoiqu’elle puisse nous sembler bizarre, est très expressive d’un point de vue symbolique. Les onze têtes représentent le fait que la compassion voit dans les onze directions de l’espace, c’est à dire dans toutes les directions possibles, tandis que les mille bras représentent son incessante activité compatissante.

Il y a une histoire intéressante à propos de la façon dont cette forme particulière est née, une histoire qui n’est pas seulement mythologique mais qui est basée sur les faits de la « psychologie spirituelle ». Un jour, dit-on, Avalokitesvara était en train de contempler les souffrances des êtres vivants. Regardant le monde il vit les gens souffrir de tant de façons : certains mourant prématurément dans des incendies, des naufrages, des exécutions, d’autres souffrant des douleurs de deuil, de perte, de maladie, de faim, de soif ou de famine. Une formidable compassion emplit son cœur, devenant si insupportablement intense que sa tête éclata en morceaux. Elle éclata en fait en onze morceaux qui devinrent onze têtes regardant dans les onze directions de l’espace, et mille bras se manifestèrent pour aider tous ces êtres qui souffraient. Ainsi, cette très belle conception d’Avalokitesvara aux onze têtes et aux mille bras tente d’exprimer l’essence même de la compassion, de montrer ce que le cœur compatissant ressent pour les douleurs et les souffrances du monde : l’amour universel.

Nous pouvons penser que les légendes ne sont que des histoires, et cela peut même faire sourire. Mais ce ne sont pas que des histoires, pas même des histoires servant d’illustration. Elles ont une signification réelle, profonde, symbolique, voire archétype, et représentent incarnée sous une forme concrète la nature de la compassion.

Dans la forme du Mahayana, c’est-à-dire dans l’enseignement du « Grand Véhicule », la plus haute des importances est accordée à la compassion-amour. Dans les soûtras du Mahayana, le Bouddha est représenté disant qu’il ne faut pas enseigner trop de choses au bodhisattva, à celui qui aspire à devenir un Bouddha. Si on ne lui enseigne que la compassion, s’il n’apprend que la compassion, cela est bien assez. Si le bodhisattva ne connaît que la compassion, si son cœur n’est rempli que de compassion, cela suffit. Dans d’autres textes, le Bouddha dit que si l’on n’a que la compassion envers les souffrances des autres êtres vivants, alors en temps utile toutes les autres vertus, toutes les autres qualités et réalisations spirituelles, l’Eveil même, suivront. Les soûtras du Mahayana nous apprennent donc que la seule chose nécessaire est la compassion.

La mudita, la joie sympathique, est le bonheur que nous ressentons du fait du bonheur des autres. Si nous voyons d’autres personnes heureuses nous devrions nous sentir heureux nous aussi, ce qui malheureusement n’est pas toujours le cas. Un cynique a dit que nous ressentons une satisfaction secrète à voir les malheurs de nos amis. C’est souvent trop vrai. Cette joie secrète à voir les malheurs des autres peut être éliminée avec l’aide de la prise de conscience et par un effort positif pour partager le bonheur des autres. De façon générale, la joie est une émotion typiquement bouddhique. Si vous n’êtes pas heureux et joyeux, ne serait-ce qu’en certaines occasions, vous ne pouvez guère être bouddhiste.

Upeksa signifie tranquillité ou paix. Nous pensons généralement à la paix comme à une chose négative, telle qu’une absence de bruit, de dérangement, comme lorsqu’on dit : « j’aimerais qu’on me laisse en paix. » En fait, dans le dharma, la paix est une chose très positive. Ce n’est pas moins positif que l’amour, que la compassion, que la joie, cela l’est même beaucoup plus. L’upeksa n’est pas simplement l’absence de quelque chose d’autre, mais une qualité et un état en soi. C’est un état positif et vibrant qui est beaucoup plus proche de l’état de bonheur suprême que de notre conception habituelle de la paix. La paix dans ce sens est aussi un aspect important de l’émotion parfaite, à laquelle on s’entraîne par la méditation.

Sraddha est généralement traduit par foi, mais ce n’est pas la foi dans le sens de la croyance. C’est plutôt l’aspect émotionnel de notre réponse totale à la vérité, en particulier à la vérité représentée par certains symboles. Dans le dharma, la foi et la dévotion sont tout particulièrement dirigées vers les Trois Joyaux, qui sont les trois choses les plus précieuses : le Bouddha, le maître Éveillé ; le Dharma, l’enseignement du chemin vers l’Éveil ; et le Sangha, la communauté des disciples suivant le chemin vers l’Éveil. A travers l’Orient bouddhiste, ces trois symboles que sont l’image, les écritures et les moines, sont traités avec une grande vénération, non pas pour ce qu’ils sont mais pour ce qu’ils représentent et symbolisent.

La plupart des émotions positives dont j’ai parlé sont ce que nous pouvons appeler des émotions sociales. Ce sont des émotions qui se rapportent à d’autres personnes et qui prennent naissance lors de nos diverses relations avec d’autres. Nous ne ressentons pas ces émotions tout seul. Elles apparaissent entre nous et d’autres individus. Elles apparaissent dans le groupe. Les émotions positives comme l’amour, la compassion, la joie... sont bien plus facilement cultivées au sein d’un groupe, où les gens ont, par moments au moins, un visage amical et heureux. Si nous restons chez nous et essayons de ressentir amour, compassion et joie, cela n’est pas facile. Voilà pourquoi existe une communauté spirituelle, un sangha : parce que cela rend la transformation de notre nature émotionnelle beaucoup plus facile. Et, à moins que nous ne transformions notre nature émotionnelle, il n’y a pas de vie spirituelle. C’est pourquoi il est important que dans le groupe, dans la communauté, dans le sangha, soit cultivée sans cesse une bonne attitude. On peut dire qu’une communauté spirituelle n’est pas réellement une communauté spirituelle si ses membres ne développent pas vraiment en son sein, et ne trouvent pas plus facile à développer en son sein, les émotions positives d’amour, de compassion, de générosité, de paix, de foi et de dévotion. C’est pour la réussite du développement de telles émotions et pour la transformation de notre nature émotionnelle, qu’existe une communauté spirituelle qui inspire le cœur à s’ouvrir à l’amour universel. Et c’est par la parole que se transmettent ces valeurs.

[1] Saint Paul, Epitre aux Romains, 7, 19.


 
 
 

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